Chronique
juridique
C’est
votre responsabilité!
(Ce
texte ne constitue pas un avis juridique et n’a
qu’un but généralement informatif)
Daniel
Côté, avocat
La
responsabilité civile… Qu’est-ce que ça
mange en hiver? Qui ça concerne?
D’abord,
la responsabilité civile est définie de manière
générale à l’article 1457 du
Code civil du Québec. « Toute personne a le
devoir de respecter les règles de conduite qui,
suivant les circonstances, les usages ou la loi, s’imposent à elle,
de manière à ne pas causer de préjudice à autrui.
Elle est, lorsqu’elle […] manque à ce
devoir, responsable du préjudice qu’elle cause
par cette faute à autrui et tenue de réparer
ce préjudice, qu’il soit corporel, moral ou
matériel […] ».
En
clair, cela veut dire que, si vous commettez une faute
et que cette faute cause un préjudice ou un dommage à une
autre personne, vous pouvez en être tenu responsable
et devoir payer une somme d’argent pour indemniser
la victime de votre faute. Vous pouvez également être
tenu responsable des fautes commises par vos enfants, vos
employés, vos animaux et même vos biens, suivant
les critères particuliers stipulés dans le
Code civil.
Par
exemple, votre enfant circule sur l’accotement de
la route en patins à roues alignées. L’instant
d’une seconde, il se retourne parce que quelque chose
attire son attention et vlan !, il heurte une dame venant à bicyclette.
Et voilà que cette dernière se fracture une
clavicule en tombant par terre. Cette dame se retourne
donc contre vous en vous réclamant la modique somme
de 50 000 $ pour ses frais médicaux et pharmaceutiques,
deux mois de pertes de revenu, ses bris matériels
(vêtements, bicyclette, etc.), perte de jouissance
de la vie, et j’en passe… Vous comprendrez
donc que les montants grimpent assez rapidement!
Un
autre exemple : vous êtes dans votre chambre au dernier étage
d’un hôtel et vous vous faites couler un bain.
Un ami arrive à la porte, vous jasez de tout et
de rien, et vous oubliez votre bain qui se remplit et qui
déborde… Et voilà que le plancher est
rempli d’eau, et que ça dégoutte à l’étage
inférieur… L’hôtelier est alors
en droit de vous réclamer tous les dommages qu’il
subit par votre inattention : réparations du plancher
et du plafond inférieur, dédommagement au
chambreur de l’étage inférieur, pertes
de revenus liés à ces deux chambres durant
les réparations, etc…
Aussi,
pensez à l’histoire très médiatisée
de l’aviateur amateur qui est décédé en
entrant en collision avec une tour de communication à Mont-Carmel.
La compagnie de communication vient de déposer un
recours de 2 500 000 $ contre la famille de l’aviateur
parce que la tour avait dû être détruite… Et
les exemples peuvent être encore plus nombreux, diversifiés
et complexes!
Par
ailleurs, il est tout aussi possible que ce soit vous,
la victime d’une faute commise par une autre personne.
Alors, vous seriez en droit de poursuivre cette personne
en responsabilité civile pour recevoir compensation.
Et un recours à un professionnel du droit vous serait
fortement recommandé pour démêler toutes
les subtilités légales qui s’en dégagent!
Finalement,
il vaut mieux prévenir que guérir. Vérifiez
avec votre compagnie d’assurance habitation si votre
responsabilité civile est couverte par votre contrat,
et jusqu’à quelle somme vous êtes couvert.
Actuellement, les assureurs proposent normalement une couverture
de 2 000 000 $, et n’ayez crainte, ce n’est
pas trop! Vous comprendrez que les frais grimpent rapidement,
surtout lorsque la victime doit recevoir des soins médicaux
pour une partie de sa vie! De toute façon, pour
une prime d’assurance d’une vingtaine de dollars
par année, vous pouvez avoir cette protection à même
votre assurance habitation. Pourquoi s’en passer?
Après tout, c’est votre responsabilité !